L’un des principes de bases du travail scientifique, c’est qu’il s’effectue de façon collective (ce pourquoi on parle de « communauté scientifique »).
D’abord parce que pour produire des hypothèses et des énoncés scientifiques, il faut presque toujours être inséré dans des collectifs (par exemple des laboratoires de recherche).
Désolé pour toi Jean-Michel Jesachions, mais le savant qui découvre tout seul des vérités soi-disant cachées, ça n’existe pas: pour produire de la connaissance, de la vraie connaissance, solide et objective, il faut utiliser des outils de recherche qui ont été mis au point par d’autres, il faut agréger des données statistiques qui ont été produites par d’innombrables personnes, etc.
Si le travail scientifique est fondamentalement un travail collectif, c’est aussi parce qu’une fois qu’un chercheur ou une chercheuse affirme avoir validé une hypothèse et produit un énoncé scientifique, il faut encore que celui-ci soit validé par d’autres équipes scientifiques, qui vont a minima vérifier que le travail a été fait de façon correcte et honnête, qu’il n’y a pas de biais dans la production ou dans l’interprétation des données. Parfois, des collègues du bout du monde vont refaire l’expérience, la « dupliquer » , pour s’assurer qu’il s’agit bien d’un énoncé pertinent.
>> Bref, pour produire de la science, de la vraie science (pas des affirmations fumeuses ou farfelues, suivez mon regard…), il faut absolument que les scientifiques puissent parler ensemble, lire les travaux les un·es des autres, se réunir, de façon régulière et, au moins de temps à autre, se réunir dans des « colloques scientifiques » .
Or que fait le régime trumpiste? Il interdit aux scientifiques qui le dérangent (c’est-à-dire les scientifiques qui énoncent des vérités qui le dérangent), de bénéficier de financements publics, de publier, et même d’échanger entre eux.
On apprend aujourd’hui que l’administration Trump a interdit à la National Oceanic and Atmospheric administration (NOOA) de poursuivre le moindre échange scientifique avec l’Ifremer.
Il faut bien être clair sur ce que cela signifie: cela signifie qu’une administration décide, de façon autoritaire et stupide, qu’on va interdire aux gens dont c’est le métier de produire des connaissances objectives à propos de tout un pan de la réalité. Avec des conséquences très concrètes. Par exemple, « un programme en particulier, le programme Argo, risque d’en pâtir: des milliers de bouées captent aujourd’hui la température et la salinité des océans. Si demain, tout est définitivement coupé avec les États-Unis, nous ne serons tout simplement plus en mesure de connaître l’état de l’océan en temps réel. »
Une preuve de plus que ce régime trumpiste est, au sens plein du terme, un régime obscurantiste (obscurantisme, nom masculin: « Attitude de ceux qui s’opposent à la diffusion de l’instruction, de la culture. »)
