The Verve – « The drugs don’t work »

J’ai déjà partagé deux titres du saisissant album de The Verve « Urban hymns », reçu avec enthousiasme par la critique (il a par exemple été désigné meilleur de l’année 1997 par Melody Maker), et qui plus est très gros succès commercial (25 disques de platine à travers le monde, dont 8 au Royaume Uni). En 1993, le leader et chanteur du groupe, Richard Ashcroft, avait fait cette déclaration pleine d’assurance: « Nous avons notre place dans l’Histoire. Cela nous prendra peut-être trois albums, mais nous y arriverons. » Il a bien fait de croire en son étoile, puisque quatre ans plus tard et au bout du troisième disque, l’objectif est clairement atteint.

Personnellement j’ai un peu la même appréciation à propos de « Urban hymns » que de « Definitely maybe » de Oasis (autre groupe phare de la britpop): je trouve que sur la durée, le disque traîne un petit peu en longueur, mais que les singles sont franchement époustouflants.

« The drugs dont’ work », justement, a été choisi par The Verve comme le deuxième single de « Urban hymns ». Richard Ashcroft a écrit et composé cette ballade déchirante en pensant à sa propre dépendance aux drogues et à leurs substituts, pour confesser qu’il est un gros consommateur, qu’il ne peut pas s’en passer, mais que ça ne l’aide en rien à se sentir mieux, bien au contraire: « Les médicaments ne fonctionnent pas, ils font juste de moi encore pire que ce que je suis. Mais j’en prends toujours pour essayer d’échapper aux drogues, alors que ces mêmes médicaments en deviennent une. »

On peut voir dans cette déclaration en interview, qui est la reprise quasiment telle quelle des paroles de la chanson, le signe d’un état d’esprit désespéré. D’un autre côté, est-il possible de sortir vraiment de l’ornière sans rendre d’abord les armes?

Quoi qu’il en soit, le texte poignant de « The drugs don’t work » est soutenu par une musique intense, notamment grâce à un orchestre de violons « tendus comme des arcs » comme l’a joliment écrit Christophe Conte dans les Inrockuptibles. Richard Ashcroft se met à nu, il se décrit en homme vaincu par la drogue, mais il tient à le faire en ne baissant pas les yeux, avec une élégance de seigneur.

« All this talk of getting old,

it’s getting me down, my Lord »

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