Sortie sur une compilation mais pas sur un album, « La vie ne vaut rien » est l’une des chansons les plus connues d’Alain Souchon, et elle concentre tout ce qui fait son succès et son charme, et tout ce pour quoi je l’aime tant: une mélodie simple et accrocheuse, une orchestration délicate, variée et un soupçon désinvolte, un texte plein de mélancolie amère mais légère et charmante, une voix un peu boudeuse…
Souchon pose ici LA question que n’importe humain normalement câblé se pose un jour ou l’autre: quel est le sens de ma vie? À quoi ça sert tout ça? Où cours-je, où vais-je, dans quel état j’erre? Comme l’a peint Paul Gauguin, « D’où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous? »
Alain Souchon décrit ici la quête d’un homme qui, après avoir cherché en vain la réponse (« Il a tourné sa vie dans tous les sens / pour savoir si ça avait un sens l’existence » ), s’est tourné vers des gens « ravis / de donner leur avis sur la vie » . Mais nulle part, personne n’a pu satisfaire sa curiosité, même ceux qui « espèrent dans les clochers, les monastères » . Et partout il a vu combien la vie est difficile, combien elle « nettoie les gens » comme un détergent, combien elle les laisse désemparés et angoissés, même dans le faste des palaces.
Alors cet homme en est réduit à donner une réponse modeste, dérisoire, mais qui est la seule sans doute qui ait un peu de signification: la vie n’a aucun sens, elle est d’une vanité totale (« La vie ne vaut rien, rien « ), mais c’est tout ce que nous avons, alors tant qu’il en est encore temps, le plus sage est peut-être de profiter des bonheurs simples que l’on peut y happer au vent.
« Mais moi quand je tiens
là dans mes deux mains éblouies
les deux jolis petits seins de mon amie,
là je dis rien, rien, rien,
rien ne vaut la vie »