Pourquoi ai-je créé ce site internet?

Avec ce site internet, j’ai envie de jouer l’un des rôles que je préfère, celui de passeur: j’aime être curieux, j’aime découvrir, j’aime m’intéresser à plein de choses dans plein de domaines différents, et j’aime parler de ce qui me passionne autour de moi pour essayer de donner envie de s’y intéresser et de découvrir (ou mieux encore peut-être, de REdécouvrir sous un autre éclairage).

Pendant des années, j’ai beaucoup publié sur Facebook, j’ai relayé des articles de presse dans différents domaines (l’écologie, la politique, la culture, la santé), ainsi que des coups de coeur en musique, en poésie, en cinéma…

Depuis la fin de l’année 2000 (plus précisément depuis le tout début du deuxième confinement), j’ai aussi publié plus de 750 chroniques musicales : 365 chroniques au cours d’une première « année en musique » (que j’avais passé seul dans le Limousin, exclusivement en télétravail jusqu’en juin 2021 car c’était pendant « l’année des confinements »), et plusieurs centaines d’autres depuis. L’intégralité de mes chroniques musicales a été rapatriée sur ce site, sur cette page où elles sont classées et indexées par ordre alphabétique d’artiste.

J’ai beaucoup aimé Facebook, notamment parce que cela m’a permis de garder le contact avec des amis que j’aurais sans doute perdu de vue autrement (et même de retrouver des amis avec qui je n’avais pas échangé depuis des décennies 😌). Beaucoup des personnes que j’ai connues récemment, avec qui je passe toujours d’excellents moments, et qui pour certains sont devenues des proches, je les ai rencontrées sur ce réseau. J’ai trouvé vraiment appréciable de pouvoir m’adresser à beaucoup de gens en même temps pour leur donner des nouvelles à propos de certains événements marquants de ma vie (une conférence ou une formation que je donne, la fin d’un chantier, une rencontre entre amis, mes semis ou mes récoltes…), ou pour partager mes impressions à propos d’un événement d’actualité, d’un article, d’une chanson ou d’un film. J’aime aussi pouvoir suivre, en retour, les événements marquants de la vie de mes ami·es, leurs projets, leurs réussites, leurs goûts culturels, leurs conseils de lecture, leurs activités, ce que deviennent leurs enfants… Très franchement, pour quelqu’un comme moi qui a plusieurs fois déménagé, qui a des proches et des amis un peu partout et qui vit depuis assez peu de temps dans une région dont il n’est pas originaire (qui plus est en pleine campagne), un réseau social est une invention très utile, et j’en ai bien profité.

Mais ces derniers temps, Facebook ma fatigue de plus en plus, pour beaucoup de raisons.

D’abord j’ai été de plus en plus agacé par l’invasion de publicités, de liens sponsorisés et de reels pourris.

Ensuite j’ai remarqué que les posts intéressants de mes ami·es étaient de plus en plus noyés et invisibilisés dans un flot intarissable d’informations non sollicitées (peut-être suite à des modifications de l’algorithme depuis qu’il y a un statut premium?). J’imagine que c’est aussi valable mes propres posts, du moins c’est ce que beaucoup me disent. En tous cas j’observe que mes posts sont de moins en moins suivis, likés et commentés, et il semble que plus personne ou presque ne lise mes chroniques musicales (notamment celles qui concernent des artistes très peu connus que j’ai envie de faire découvrir). Dernièrement ma chronique sur une merveilleuse chanson de l’artiste maori Marvin Williams n’a pas reçu la moindre réaction, et je dois dire que ça a un peu achevé de me convaincre que publier mes chroniques sur Facebook n’a plus grand sens.

J’ai aussi constaté que l’ambiance sur Facebook, comme sur les réseaux sociaux en général, était de plus en plus délétère, avec un déferlement de plus en plus décomplexé de violence verbale, d’extrémisme, de complotisme, de bêtise crasse et souvent haineuse… Protégées par l’anonymat, une foule de gens se défoulent en écrivant absolument n’importe quoi (et qui plus est en se croyant plus malins que tout le monde), et argumenter avec nuance devient souvent impossible. Comme X après son rachat par Elon Musk, Fessebouque est en train de devenir le far-west, voire carrément une décharge publique. La victoire de Trump a accéléré son pourrissement, puisque Marc Zuckerberg lui a donné des gages en supprimant tout fast-checking et en dézinguant les règles qui, jusqu’ici, encadraient (vaguement) les débats. Désormais ça va être open bar pour le racisme, le masculinisme, le sexisme ou l’homophobie les plus dégoûtantes, mais aussi pour le complotisme bas de plafond.

Bien sûr je me dis aussi que quitter le navire, c’est laisser le champ libre à la con.nerie et à la haine. Mais très honnêtement, je n’ai plus l’énergie. La lecture au hasard des commentaires de la bêtise satisfaite d’elle-même est trop déprimante pour moi, elle me fait du mal, elle me décourage et elle me rend aigri.

Par ailleurs, à force de communiquer sur Facebook via des posts et des commentaires, je ne téléphone plus assez à mes proches, et ces interactions approfondies me manquent. Je ne lis plus assez, je ne regarde plus assez de films. Même quand je suis sur Facebook pour chercher de l’information, je perds trop de temps à scroller et à feuilleter rapidement les publications au lieu de choisir un petit nombre de textes ou de vidéos et de les lire ou de les regarder attentivement. A force de passer du temps devant ces écrans, mes capacités d’attention s’effondrent, au point que regarder un film en entier sans être happé par le téléphone et l’envie de vérifier si j’ai des notifications devient difficile…

Enfin j’ai bien été obligé de constater une autre réalité très déplaisante, et même assez humiliante je dois dire: je gaspille trop de bande passante mentale à me soucier de la façon dont ce que je publie sur Facebook peut être reçu et commenté. Et comme je passe quand même pas mal de temps à rédiger des posts ou des chroniques, comme je les prépare et je les rédige avec soin, comme j’y mets beaucoup de moi-même, lorsque je ne reçois que quelques rares réactions, je sens que c’est pour moi une source de déception et de frustration, et même une blessure narcissique un peu pinçante, oui, je l’avoue.

Bref, je suis l’une des millions de victimes des réseaux sociaux (et du smartphone), aussi bien sur le plan de la santé mentale et pour la sociabilité dans la « vraie vie » .

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Pour ces différentes raisons, j’ai décidé de ne plus trop publier sur Facebook (et peut-être à terme de ne plus rien y publier du tout, sauf quelques rares annonces importantes comme des formations ou des chantiers participatifs). A la place j’ai eu envie de créer mon propre site internet, avec un objectif simple: écrire et publier selon mes envies, au rythme qui m’arrange, dans les formats qui me plaisent, et sur les sujets qui m’intéressent ou me passionnent, quitte à être très éclectique.

Ce dernier point est très important pour moi. Je souscris totalement à cette formule de Roland Barthes: « J’ai essayé d’être aussi éclectique que possible dans ma vie professionnelle, et jusqu’à présent, c’est plutôt amusant. »

Paul Gauguin, "La cueillette de fruits", 1899 / Moscou, Musée national des Beaux-Arts
Paul Gauguin, « La cueillette de fruits », 1899 / Moscou, Musée national des Beaux-Arts

J’ai donc eu envie de faire de ce site internet une sorte de patchwork de ce qui me plaît et m’intéresse: l’écologie et la nature, la musique, le sport, la psychologie, la philosophie, la politique, la sociologie, etc. Autant de sujets que j’aborde ici en amateur, de façon sûrement pas assez profonde et précise aux yeux des spécialistes, mais avec le goût de vulgariser des choses qui ne sont pas forcément connues de tout le monde, et d’en parler de façon claire, en faisant des ponts entre les sujets (c’est pour cela qu’au détour d’une chronique musicale, vous pourrez lire des lignes sur la politique, la psychothérapie, sur l’écologie, sur le jardin, sur le football, sur un jeu vidéo…). Je voudrais que n’importe qui, en arrivant sur ce site pour lire un article sur un sujet en particulier, puisse tomber par hasard sur un autre sujet, et approfondir la question en utilisant les catégories ou le nuage d’étiquettes qui sont dans la colonne de droite du site.

Je me place sous le patronage d’un de mes héros, le grand, l’immense Michel de Montaigne, pour qui j’ai une admiration sans bornes. Il a lui-même décrit en ces mots la façon dont il choisissait les thèmes dont il parlait, et sa façon d’écrire: « J’aime l’allure poétique à sauts et à gambades » (Essais, III, 9). A ma très modeste mesure, c’est un peu ce que je fais ici: je parle de ce qui me plaît, comme ça me chante.

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Arrêter de publier sur Facebook n’a pas été une décision facile à prendre. Je sais que je vais à contre-courant du sens de l’histoire, puisqu’apparemment plus personne ne se fatigue à lire le contenu des sites internet, puisque même la fonction recherche de Google est censée être has-been maintenant que de plus en plus de gens demandent à une IA de s’informer pour eux. Je sais que cela va me faire perdre l’essentiel de mon audience. Tant pis. Je ressens vraiment le besoin de me recentrer sur les choses qui me tiennent vraiment à coeur, alors que Facebook m’a poussé à me disperser et à m’éparpiller. Ce qui m’intéresse avec ce site perso, c’est d’écrire pour moi, pour mes proches, et pour celles et ceux de mes ami·es qui trouvent que ce que je raconte peut être intéressant. Qui sait, si ça se trouve, je suis précurseur du retour en grâce des blogs, qui vont peut-être redevenir à la mode, comme le vinyle? 🤔😁 Mais peu importe, en fait.

Si le contenu de ce site vous déplaît, si vous le trouvez trop personnel ou trop narcissique, ou si les idées que je défends vous hérissent, ce n’est pas un souci: heureusement pour vous internet est un terrain de jeu presque infini, donc vous trouverez votre bonheur ailleurs.

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