C’est une chanson poignante sur la solastagie (cette forme spécifique de tristesse causée par le constat que le monde naturel auquel on est attaché a disparu, ou qu’il est en train de disparaître). Surtout regardez le très beau clip en dessin animé, et surtout, surtout, regardez le jusqu’aux dernières secondes: je vous mets au défi de ne pas en être ému, surtout si vous avez des enfants.
Je parle moins d’écologie, ces temps-ci, mais cela me préoccupe toujours autant.
Cela fait bien quinze ans que j’ai compris qu’un effondrement du vivant est en cours, que la nature se meurt – ou plutôt que l’Humanité la détruit, par une ignorance et une insouciance coupables. Et c’est infiniment douloureux pour moi de constater que le désastre suit son cours, inexorablement semble-t-il, exactement comme dans une tragédie. J’essaye de ne pas « laisser faire ça » , et d’être du côté des solutions plutôt que du côté du désastre. Mais il y a tant de choses à faire, et je me sens tellement impuissant face à l’immensité des enjeux…
C’est pourquoi cette chanson me remue bien le bide. Je ne veux pas avoir à dire un jour à mes petits-enfants: « Tu sais j’ai connu une époque où au début du printemps, les oiseaux revenaient » . Et au train où vont les choses, j’ai tellement peur que cela se passe ainsi…
« Ils te diront «Comment t’as pu laisser faire ça ?»
T’auras beau te défendre, leur expliquer tout bas
«C’est pas ma faute à moi, c’est la faute aux anciens»,
mais y aura plus personne pour te laver les mains.
Tu leur raconteras l’époque où tu pouvais
manger des fruits dans l’herbe, allongé dans les prés.
Y’avait des animaux partout dans la forêt,
au début du printemps, les oiseaux revenaient. »