Moi qui aime souvent les reprises qui transfigurent totalement une chanson, je suis comblé avec cette version étonnante et saisissante du tube de Dalida – ou plus précisément de la chanson qui est devenue un tube emblématique après sa mort, mais qui à sa sortie était passée totalement inaperçue (c’était d’ailleurs la face B d’un 45 tours).
Pour l’occasion, j’ai écouté la chanson originale. Musicalement ce n’est vraiment « pas ma came » (clin d’oeil pour toi Val), mais j’ai toujours trouvé le texte émouvant, surtout quand on sait comment Dalida est morte. Certes, c’est elle qui en décidé du moment (« Je veux choisir ma mort aussi » ) , mais avec ce suicide, elle a fait finalement l’inverse de ce qu’elle avait chanté. Elle qui rêvait de partir « sur scène / devant les projecteurs » , « un soir de gala » , « en chantant jusqu’au bout » , « fusillée de lasers / devant une salle comble » , « le coeur tout en couleurs » , elle est finalement partie « dans l’ombre » , un soir de détresse (un de plus…), terrassée par la dépression et seule à en crever, comme on dit justement.
En choisissant de consacrer à cette chanson la carte blanche que lui offre France Inter, Camélia Jordana la revisite de fond en comble. Musicalement, il n’y a plus rien ici de dansant ou de kitsch. Au contraire, « Mourir sur scène » devient une complainte sensuelle et paisible, qui parle de la mort comme d’un passage familier, rassurant, doux et accueillant.
La voix chaude et nonchalante de Camélia Jordana, superbe même quand elle semble éraillée à 2’53, est magnifiée par une guitare électrique cristalline.
Un ange passe (d’ailleurs on a l’impression, à la fin de la chanson, que Camélia Jordana retombe sur terre en ouvrant les yeux), et j’ai bien envie de lui demander de repasser encore.
« Viens, mais ne viens pas quand je serai seule,
tous les deux on se connaît déjà,
on s’est vus de près, souviens-toi. »