Issue de l’album de The Pixies que je préfère (« Trompe le monde » ), cette chanson est une vraie dinguerie.
Dans la première minute, le chant de Frank Black s’apparente aux hurlements enragés d’une bête sauvage qu’on aurait mis en camisole, entraînée par des guitares démoniaques et par une batterie aussi déchaînée qu’un T-Rex affamé, qui impose soudain une accélération du tempo démentielle à partir de 0’46.
Et puis soudain, à 1’01, sans le moindre signe avant-coureur, le morceau se métamorphose totalement : comme si toute la rage s’était dissipée, il tombe dans une sorte de léthargie qui se révèle de plus en plus douce, malgré la ligne mélodique d’une guitare électrique stridente et quelques soubresauts à 2’02.
Et enfin, « The sad punk » se termine par trente secondes durant lesquelles le silence s’installe petit à petit, comme l’eau d’une bouteille se décante et redevient claire au fur et à mesure que retombent les poussières et la terre qu’on y avait mélangées en la secouant.
« Trompe le monde » est pour moi l’album le plus créatif des Pixies, celui des expérimentations les plus ahurissantes. Cette chanson, qui ressemble à une crise d’épilepsie suivie d’un intense épuisement et d’un apaisement totalement inattendu, en est peut-être le meilleur exemple.
« It was a long time ago, could have happened to anyone »